Comparer la souffrance des parents face à leurs enfants à celle des professionnels qui travaillent avec des enfants est complexe, car ces expériences, bien que liées, sont profondément différentes dans leur nature, leur intensité, et leur contexte émotionnel. Voici une analyse :
Points de convergence : des souffrances réelles et valides
1. Empathie profonde :
• Parents : Ils ressentent directement la douleur de leurs enfants comme une extension de leur propre être. La souffrance d’un enfant touche à leur rôle de protecteur.
• Professionnels : Ceux qui travaillent de manière engagée (éducateurs, travailleurs sociaux) développent souvent un attachement émotionnel fort et peuvent souffrir de voir des enfants maltraités ou en détresse.
2. Sentiment d’impuissance :
• Les deux groupes peuvent ressentir une forte frustration et un sentiment d’impuissance :
• Les parents, lorsqu’ils ne parviennent pas à protéger leurs enfants dans un contexte institutionnel ou social injuste.
• Les professionnels, lorsqu’ils sont contraints par des limites systémiques ou des décisions qu’ils désapprouvent.
3. Implication émotionnelle :
• Les deux peuvent vivre des émotions intenses comme la colère, la tristesse, ou la culpabilité en lien avec la situation des enfants.
Différences fondamentales
1. Lien affectif :
• Parents : Le lien avec l’enfant est direct, biologique ou affectif, et touche à leur identité personnelle.
• Professionnels : Bien qu’ils puissent développer un lien profond, leur relation avec l’enfant reste encadrée par un rôle institutionnel et des limites professionnelles.
2. Intensité et durée de la souffrance :
• Parents : Leur souffrance est souvent chronique et inévitable, liée à leur responsabilité permanente envers leur enfant.
• Professionnels : Leur souffrance peut être intense, mais elle est souvent limitée à leur rôle professionnel. Ils disposent généralement de mécanismes de soutien (supervision, équipe).
3. Sphère personnelle vs professionnelle :
• Pour les parents, il s’agit de leur vie privée et de leur identité ; la douleur est profondément intime.
• Pour les professionnels, bien que leur engagement puisse être personnel, ils interviennent dans un cadre où leur rôle est défini et où ils peuvent (au moins partiellement) se protéger en “déconnectant”.
4. Pouvoir d’agir :
• Parents : Leur souffrance peut être aggravée par un sentiment de dénuement total face aux institutions (ASE, justice).
• Professionnels : Bien qu’ils ressentent des limites, ils disposent parfois d’outils, de compétences ou de leviers pour agir en faveur des enfants.
Peut-on comparer ?
Non, pas en termes de “quantité” ou de “validité” de la souffrance. Chaque forme de souffrance est unique :
• Celle des parents est enracinée dans l’amour inconditionnel et le lien profond avec leurs enfants.
• Celle des professionnels découle de leur engagement moral et humain, mais elle est en partie limitée par la distance professionnelle.
Message à retenir
Les deux souffrances méritent reconnaissance et respect. Les professionnels peuvent être des alliés précieux pour les parents en mettant leur empathie et leurs compétences au service des enfants, tandis que les parents peuvent aider les professionnels à mieux comprendre l’impact réel de certaines décisions. Une collaboration basée sur l’écoute mutuelle permet de mieux répondre aux besoins des enfants.
